Le MSL se souvient pour les générations futures

Le 24 mars 1975, une tragédie routière, survenue sur le chemin du retour d’une excursion de ski, a coûté la vie à trois de nos élèves et marqué profondément toute la communauté du collège Mont-Saint-Louis. Les survivants ont gardé de cette épreuve un souvenir douloureux et certains d’entre eux, des blessures irréversibles.

Une petite cérémonie s’est tenue au Collège le 24 mars dernier pour souligner les 50 ans de ce triste événement. Une quarantaine d’anciens se sont rassemblés à cette occasion et quelques membres du personnel de l’époque étaient aussi présents. Une plaque commémorative a été dévoilée, puis sera installée dans le hall d’entrée.

Par cet événement préparé en collaboration avec l’AAMSL, le Collège tenait à rappeler l’importance de garder une trace de ce qui a marqué son histoire. Le MSL se souvient pour les générations présente et future.


Allocution de la directrice générale

Bonjour à vous tous,

Je m’appelle Sylvie Drolet. Je suis la directrice générale du Collège.

Je vous remercie d’avoir accepté notre invitation à commémorer un événement tristement marquant de l’histoire du Mont-Saint-Louis.

C’est un souvenir tragique qui nous réunit aujourd’hui, mais un souvenir qui nous rappelle aussi l’importance des liens fraternels qui vous unissent et qui font que vous êtes heureux de vous revoir. Un souvenir tragique qui rappelle aussi l’importance du lien avec votre alma mater et qui fait que nous sommes heureux de vous recevoir.

Il y a 50 ans aujourd’hui, une tragédie routière a causé la mort de trois de vos amis et camarades de classe, Jean-Marc Leduc, Benoît Lefebvre et Sylvie Rousseau. Cet accident a infligé des blessures irréversibles à un quatrième élève, Alain Chaurette. Il a aussi laissé des blessures psychologiques et des souvenirs douloureux à ceux qui étaient présents.

Il s’agit d’un triste anniversaire, mais c’est aussi une occasion de nous recueillir, de rendre présents les disparus et les absents, d’éviter que l’événement ne sombre dans l’oubli.

Depuis que je suis en poste, j’ai croisé à quelques reprises à l’extérieur du Collège des gens qui m’ont parlé de cet accident. Cela m’a permis de mieux comprendre l’impact qu’il avait eu pour ceux qui l’avaient vécu de près. Il y a quelques années, un courriel, envoyé à l’adresse générale du Collège, m’a rappelé l’importance de faire en sorte que les murs soient aussi les gardiens de la mémoire. J’ai gardé précieusement ce courriel, attendant le moment opportun pour que la démarche de reconnaissance prenne tout son sens.

Il y a 50 ans aujourd’hui, une tragédie a marqué l’histoire du Mont-Saint-Louis. Nous sommes notre passé. Si cela est vrai pour les êtres humains que nous sommes, ce l’est aussi pour les institutions. Regarder derrière ne nous empêche pas d’avancer. Au contraire. Cela oriente nos pas.

Des suites de cet événement, nous retiendrons l’élan de solidarité, la gestion de l’incident et de ses conséquences, l’accompagnement des familles et des élèves endeuillés, puis la résilience de toute une communauté.

En réponse à notre invitation, nous avons reçu des messages qui traduisent l’émotion, le souvenir précis, le détail qui s’impose, le courage, la reconnaissance aussi.

Lucie Marchand, François Trudel et Louis Proulx étaient dans l’autobus. Jean Bellemare se souvient d’avoir été assis dans la première rangée derrière le chauffeur. Céline Desmarais avait fait du ski toute la journée avec Benoît et se souvient du soutien de la direction et des professeurs. Daniel Kocur était dans la même classe que Jean-Marc et Sylvie. Jean Godbout était un bon ami de Benoît. Micheline Brodeur précise que Sylvie était la meilleure amie de sa future belle-sœur. Benoît Hogue se souvient de Jean-Marc, son voisin et meilleur ami d’enfance. Richard Asselin précise que Sylvie était une élève brillante. André Morin rappelle la commotion des élèves devant la tragédie.

Il y a aussi le témoignage de Martin Chapdelaine, le conjoint de Denise Vaillancourt, de la promotion 1976, qui a été blessée dans l’accident. Elle a été éjectée de l’autobus et retrouvée sur la route, la jambe cassée et le visage tuméfié. Martin et Denise se sont rencontrés 18 mois plus tard au collège André-Grasset. Ils ont eu quatre enfants, dont trois sont des diplômés du MSL : Antoine, Béatrice et Thomas. Denise leur a souvent parlé de l’accident. Denise est aujourd’hui atteinte d’une maladie neurodégénérative, ce qui l’empêche d’être avec nous.


Enfin, François Chaurette nous a envoyé un témoignage qu’il souhaitait partager avec vous. Il ne pouvait pas être avec nous ce soir.

Je vous lis son message :

Bonjour,

Je vous félicite pour cette délicate initiative.

Cette tragédie a bouleversé tous les étudiants et continue de hanter notre imaginaire.

Notre résilience a été mise à l’épreuve, notamment celle d’un étudiant grièvement blessé.

Après 19 jours de coma, plus d’un an de réadaptation, il est demeuré quadriplégique. Malgré les trop nombreuses chirurgies, son espérance de vie ne devait pas lui permettre d’atteindre l’âge de 40 ans dans des conditions de vie très difficiles.

50 ans plus tard, il est toujours vivant et souriant à la vie malgré la détérioration quotidienne de son état. Maintenant tétraplégique, il demeure positif et fait preuve d’une résilience surhumaine.

Mon frère Alain est un héros.

Bonne cérémonie

François Chaurette, promotion 1978

Alain, quant à lui, est de la promotion 1975. Son exemple inspire le respect et nous oblige à regarder devant.

Tous ces messages, ces témoignages sont les vôtres. Ils parlent de ce que vous avez vécu, de ce qui a marqué votre passage au MSL et de ce qui a influencé, sans doute, votre façon de voir la vie.

Tous ces témoignages parlent aussi du Collège, de sa vie étudiante, de sa vie collégiale, de sa mission et de ses responsabilités, du rôle déterminant de ses éducateurs et de l’importance de faire le pont entre les générations, notamment par l’entremise de la mémoire.

Aujourd’hui, en soulignant les 50 ans de cet événement marquant, nous rendons hommage à toutes les victimes, nous saluons le courage et la résilience des acteurs et des témoins de ce drame et nous en laissons un souvenir tangible sur un des murs du Collège.

La plaque commémorative sera installée dans le hall d’entrée, à proximité de la verrière.

Aujourd’hui, le MSL se souvient pour les générations présente et future.

Merci d’être là,

Merci d’avoir témoigné,

Merci de votre attachement au Mont-Saint-Louis !

Sylvie Drolet, directrice générale du collège Mont-Saint-Louis

Mars 2025

Ce moment de recueillement intime, pensé pour la communauté du MSL, a permis à une cinquantaine de personnes de se rassembler dans le respect, en mémoire des disparus.

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