


Par Élizabeth Dubé
Le 20 février dernier, les élèves de cinquième secondaire faisant partie du cours optionnel de littérature de Mme Leblanc, ainsi que ceux qui ont participé aux midis poésie de Mme MacKay, ont pu lire les poèmes qu’ils avaient créés lors de la nuit de la poésie.
Cet événement regroupait plusieurs parents, amis et anciens du collège qui sont venus nous écouter au salon Nelligan au coût de 5 $. Au cours de la soirée, plusieurs poèmes touchants ont été récités et nous avons aussi eu droit à deux performances artistiques d’élèves de l’école. Bien que tous les numéros aient été incroyables, j’ai quand même eu, comme tout le monde, quelques coups de cœur que j’aimerais vous partager.
Le premier poème qui m’a touché droit au cœur a été celui de Floriane Bertrand qui s’intitule, Papa. Ce poème m’a beaucoup émue, car il abordait le thème de la paternité, du deuil et de la culpabilité et il a été récité avec énormément d’émotions sincères et profondes. Voici le texte :

Papa
Les larmes coulent sur ta joue
Ton navire échoue
La lumière de mon phare tente de te guider
Mais je ne peux rien faire pour t’aiderTu es partie pensant que je ne t’aimais pas
Assis à part durant le repas
Je ne savais comment te parler
L’impression que chaque mot dévoilerait ma sensibilitéPetite tu me disais de me créer une carapace
Au final je pleurais à l’intérieur de celle-ci
Afin que tu ne me voies pas ainsi
Aurais-tu préféré qu’elle se fracasse?Peut-être qu’en la voyait en miettes
Tu y aurais vu tous les Je t’aime qui s’y cachaient
Les larmes d’une petite fille inquiète
Et la lumière d’espoir qui y scintillaitCette lumière s’est éteinte cette soirée-là
Les larmes de cette fillette
Éteignirent vite la courte allumette
Je savais que la fin était làJe me souviens de tes paroles
« Viendras-tu me visiter demain? »
Et pour une dernière fois je t’ai tenu la main
Quelques minutes après tu as pris ton envolVoyant ton corps inerte sur le lit
Ma tête a lâché un silencieux cri
Je savais que je n’allais plus être la même
Allais-je accepté que l’on m’aime?Vais-je un jour oublier ta maigre enveloppe étendue?
Celle qui ne ressemblait plus à l’homme que j’avais connu
Ton teint bleuté t’avait transformé
J’aurais tout donné pour que tes bras viennent me réconforterPourtant à plusieurs reprises tu me les avais proposés
Peut-être que maman a raison maintenant
Quand elle dit que je t’ai pas assez aimé
Ô si tu savais comment je m’en veux tellementCette sensation est présente partout
La culpabilité me ronge sans arrêt
Et pour toujours je te décevrais
Les larmes coulent sur ma joueFloriane Bertrand, 4e secondaire
Le deuxième texte qui m’a grandement interpellé a été écrit et récité par Zoé Leblanc. Son poème s’intitule, fantôme et aborde les thèmes du viol, de l’agression, de consentement et de la condition féminine. Avec le contexte actuel et la remise en question du droit à l’avortement aux États-Unis, ce texte m’a beaucoup touché. Il nous a tous rappelé à quel point les droits de la femme ne sont malheureusement pas quelque chose d’acquis et que nous ne devons jamais cesser de nous battre, solidaire, contre ceux qui veulent s’emparer de notre humanité. Voici le poème :

Fantôme
Dans la nuit, sous la brume, là où la mort prend vie
et où les abysses de l’homme surgissent
une ruelle, une simple et unique, ruelle
C’est là que tu es devenu fantôme
C’est là qu’il t’à ôté de ce monde
Il aurait pu faire froid, mais sa peau brûlait la tienne
Les cieux auraient pu crier le tonnerre, mais sa voix
résonnait si fort dans tes os, ta chair, ton corps-qui
n’était plus le tien
Pleurs, cris, griffures, tu aurais pu avoir la meilleure
des armures
mais ton coeur était trop pur et le sien trop dur
Cette soirée, tu as tout essayé
Sous la douche, tu t’es gratté jusqu’au rouge,
jusqu’au sang
Lorsque les gouttes d’eau incendies sillonnaient
ton corps violé
Ton regard embué non par la vapeur, mais par
l’horreur
Tu empestais cette saleté à en vomir l’enfer d’une
simple pensée
Maintenant
Ta peau est devenue translucide, tes yeux humides
et ton regard reflète l’homicide de l’action pour lui,
vide
Chaque partie de ton corps est hanté
Une belle fantôme à l’avenir mutilée, tuée,
exécutée
Il aurait pu rien se passer cette soirée
pourtant c’est arrivé
et tu restes condamné à errer
tel un esprit abandonné
qui aurait tout donné pour faire écouter
ce mot si précieux : non
Zoé Leblanc, 5e secondaire
Finalement, le dernier numéro qui m’a profondément émue n’était pas un poème, mais bien une chanson intitulée Ficelles d’Ingrid St-Pierre, présentée par Anne-Rubie Allard. Cette chanson évoque, de ce que j’en ai compris, la maladie d’Alzheimer et quelqu’un qui remarque soudainement qu’un être cher perd ses souvenirs. Cette personne essaye donc de conserver les souvenirs de la personne qu’elle aime en les lui rappelant au travers de toutes sortes de méthodes. Anne-Rubie l’a chanté avec son grand-père qui l’accompagnait à la guitare et la douceur de sa voix mêlée à la tristesse de la chanson a séduit tout l’auditoire. Cette écoute m’a honnêtement donné les larmes aux yeux. La maladie est quelque chose qui peut frapper à tout moment et qui est très éprouvante pour la personne concernée et son entourage. Je pense que ce numéro a bien su représenter cette épreuve dans toute sa triste beauté. Voici les paroles de la chanson :



« Les jours et les saisons
La couleur de mes yeux
Les paroles des chansons
Celles qu’on chantait à deuxLe chemin de ta maison
Comment on se maquille les yeux
La fête de tes enfants
Mais oublie pas mon nomTes souvenirs d’avant
Tu sais je veillerai sur eux
Je les rattraperai au vent
Je te raconterai si tu veuxJe nouerai des ficelles
À tes souvenirs qui s’étiolent
Et le jour où ils s’envoleront
Moi j’en ferai des cerfs-volants
Mais oublie pas mon nom
Je t’écrirai que je t’aimePartout dans la maison
Et si tu m’oublies quand même
Juste en-dessous y aura mon nom
Et je serai là pour de bon
Et je serai là pour de bonJe nouerai des ficelles
À tes souvenirs qui s’étiolent
Et le jour où ils s’envoleront
Moi j’en ferai des cerfs-volants
Mais oublie pas mon nomMais oublie pas mon nom
Mais oublie pas mon nomMais oublie pas mon nom
Mais oublie pas mon nom »Ingrid St-Pierre
En bref, merci à tous ceux qui ont participé à la création de cet événement, j’espère que ce sera une soirée traditionnelle du collège Mont-Saint-Louis qui persistera dans le temps et qui continuera, année après année, à nous faire découvrir une panoplie d’élèves remplis de talents.
Élizabeth Dubé
Article publié dans le journal étudiant Le Déclic MSL, 27 mars 2025