Au Mont-Saint-Louis de père en fils : Lucien et André Bergeron

Lucien Bergeron a fréquenté le Mont-Saint-Louis sur la rue Sherbrooke à la fin des années trente (promotion 1939). Trente ans plus tard, son fils André a choisi de compléter le cours classique au Collège Mont-Saint-Louis sur le boulevard Henri-Bourassa, dans les locaux de l’ancien Collège Saint-Ignace. Si l’attachement du fils à cette institution provient beaucoup du fait que son père l’a fréquenté et y a reçu une solide formation, il n’en demeure pas moins que cette année 1969-1970 qu’il a passée au Collège lui a permis de vivre des expériences scolaires, humaines, sociales et… politiques enrichissantes.

Lucien Bergeron

Lucien Bergeron était originaire du Saguenay. Son père Eugène, gérant du moulin pour la Price Brothers est décédé prématurément, laissant sa femme responsable d’une famille de neuf enfants. Deux de ses frères avaient déjà fréquenté le Mont-Saint-Louis lorsque la famille aménagea à Montréal et c’est ainsi que le jeune Lucien se retrouva aussi à étudier auprès des frères des Écoles chrétiennes.

Élève talentueux, au Mont-Saint-Louis Lucien Bergeron s’est notamment démarqué par sa plume. S’intéressant tant aux sciences qu’à la littérature, le jeune homme profitait de toutes les occasions pour s’exprimer par écrit. Il était d’ailleurs habile pour écrire en alexandrins rimés sur différents sujets.  Outre quelques textes publiés dans la Revue M.S.L., la famille a la chance d’avoir hérité de précieux documents contenant différents écrits de leur père : journal intime, lettres d’amour consignées dans un cahier, travaux divers, et autres textes présentés sous différentes formes. Ainsi sur Menaud Maître-Draveur, une critique étoffée et un poème de huit strophes.

Dans ses cahiers reliés, on retrouve quelques poèmes intitulés « Ma mère ». André, le fils de Lucien, a plaisir à raconter que certains de ces textes ont été écrits pour des confrères de classe en manque d’inspiration ! Lire ses différents manuscrits, c’est se plonger dans une époque, constater l’influence d’un enseignement rigoureux, apprécier une ouverture sur le monde. Lucien Bergeron raconte ce qu’il vit, décrit la nature qui l’entoure, critique un livre ou une exposition, parle des personnages importants de son époque, se laisse parfois inspirer par un poète reconnu, rend hommage à son père, exprime son amour et son admiration pour sa mère, et ce très souvent avec des rimes.

Après le Mont-Saint-Louis, Lucien Bergeron a complété une Licence en sciences économiques, à l’époque où Monsieur Édouard Montpetit était doyen de la Faculté des sciences sociales, économiques et politiques de l’Université de Montréal. Il a par la suite fondé et dirigé l’office municipal du Tourisme de Montréal.

André Bergeron © A. Abbondanza-Bergeron

André Bergeron a étudié à l’École Sauvé de la Commission scolaire de Montréal offrant alors le cours classique. À l’automne 1969, il s’inscrit au Mont-Saint-Louis et devient membre du premier Conseil d’administration du Collège récemment constitué en Association coopérative. Le C.A. était alors formé de parents, de membres du personnel et de la direction ainsi que de deux élèves, André Bergeron et Richard Donohue. À l’ordre du jour notamment, ces sujets intéressant particulièrement les représentants des élèves : le « costume », la chevelure, et l’allure générale. André Bergeron se souvient de Robert Brunette qui était alors directeur des élèves, du Frère Bettez, directeur pédagogique et de Claude (Boutin) Du Parc, responsable des finances. Pour le Mont-Saint-Louis, c’était une première année d’existence dans un nouvel édifice avec une nouvelle structure administrative. Au printemps 1970, il y eut tout de même une classe neige pour le plus grand bonheur de plusieurs élèves.

Pour André Bergeron, le Mont-Saint-Louis se résume ainsi : accès à la culture de base sur les plans musical, politique, philosophique et religieux, ouverture et « tout est possible ».

Dans l’aile Papineau se retrouvait le bureau de l’aumônier et la grande salle et dans l’aile Saint-Joseph, confidence surprenante…

André Bergeron se souvient avoir assisté à des prestations musicales intéressantes présentées par des groupes marginaux de l’époque, organisées par nul autre qu’Alain Simard. En effet, Alain Simard a fait son cours classique au Collège Saint-Ignace et c’est là qu’il a présenté ses premiers concerts au cours de l’année 1969-1970. La Clef (café-spectacle sans but lucratif) a été fondée cette année-là et c’est au sous-sol de l’aile Saint-Joseph que les premiers concerts furent présentés.

André Bergeron raconte : « Peu de temps après, le futur producteur a déniché un autre local à Montréal, dans le Vieux-Montréal, grâce à l’aide de …. mon père Lucien Bergeron, à qui j’avais demandé  de rencontrer Alain Simard, question permis, pompier, etc.  La rencontre fut mémorable ! »

André Bergeron est psychologue. Détenteur d’un BA de l’Université McGill, d’une maitrise de l’Université de Montréal et d’un doctorat de l’Université Concordia, il s’est intéressé à plusieurs volets de sa profession. Il a enseigné aux niveaux collégial et universitaire et a œuvré comme chercheur, intervenant et formateur dans plusieurs hôpitaux. Il est également psychologue clinicien en pratique privée. Notre ancien s’intéresse aussi au domaine maritime et signe plusieurs articles sur le sujet dans des revues d’ici et aux États-Unis. Il a même publié un livre sur le sujet en 2005.

Le 22 février 2018, André Bergeron a pris plaisir à revisiter le Mont-Saint-Louis, en particulier l’aile Saint-Joseph, où plusieurs locaux ont évoqué pour lui de nombreux souvenirs. Ce jour-là le psychologue a raconté son histoire sans réserve, tout à fait à l’aise de se confier à son tour… Deux mois plus tard, le 19 avril, il acceptait de revenir au Collège en participant à la Journée carrière destinée aux élèves de la 4e secondaire.

À l’AAMSL nous constatons souvent l’attachement que nos anciens ont pour le Mont-Saint-Louis. Chaque histoire de vie est différente et agréable à entendre et chaque rencontre contribue à enrichir notre communauté.

Danièle Bélanger, promotion 1981

Avril 2019

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