Regard sur le parcours de Gilbert Lepage

Gilbert Lepage est un nom familier pour tous les gens qui s’intéressent de près au théâtre, lui qui a arpenté à la fois les planches et les coulisses de l’univers dramatique québécois pendant plusieurs décennies. Ancien du MSL de la rue Sherbrooke, il a accepté de nous parler de son parcours lors d’une rencontre au Mont-Saint-Louis le 30 janvier dernier.

Après avoir fréquenté l’école primaire dans son patelin natal de Laval, Gilbert Lepage entre au Collège Mont-Saint-Louis très jeune à l’âge de 11 ans après avoir été exempté de ses 4e et 7e années. Il fréquente le Mont-Saint-Louis de la rue Sherbrooke de 1962 à 1967. C’est peut-être sa formation de comédien qui lui permet de se rappeler de certains détails précis de cette période de sa vie comme le coût d’une année de scolarité (250 $) auquel s’ajoutait l’achat des livres (75 $). En 1967 le jeune homme quitte le Collège et poursuit sa route au cégep Lionel-Groulx. Or, même s’il a participé à la fondation de l’option théâtre de ce cégep, c’est au Mont-Saint-Louis que le goût pour les arts de la scène s’est d’abord manifesté de manière sérieuse.

Dès la fin du cours classique, à l’âge de 20 ans, le jeune homme prend part à la tournée des jeunes comédiens du TNM aux côtés de Jean-Pierre Ronfard et Robert Gravel notamment. On comprend que c’est le début d’une grande aventure qui lui permettra de vivre pleinement pour le théâtre et du théâtre pendant 46 ans. Comédien, metteur en scène, directeur artistique et réalisateur à la télévision, notre ancien a aussi enseigné à l’École nationale de théâtre du Canada pendant 11 ans et a même été directeur du Conservatoire d’art dramatique de Montréal de 2002 à 2007, avant de terminer sa carrière en tant que directeur au ministère de la Culture et des Communications pour les régions de Laval, de Lanaudière et des Laurentides.


Gilbert Lepage

Le Mont-Saint-Louis

Pour Gilbert Lepage le Mont-Saint-Louis évoque d’abord l’accès à une multitude d’activités culturelles et sportives. Le cercle Nelligan, le club d’échec, le théâtre, la chorale, le bowling, faisaient partie de l’extraordinaire palette d’activités culturelles et littéraires offertes aux jeunes de l’époque. En complément le midi, dans un local meublé sobrement avec de vieux fauteuils, un frère enseignant faisait jouer du Brel, du Bécaud, du Brassens, etc. pour les étudiants.

Il y avait d’ailleurs une boîte à chansons au Collège. Un local au sous-sol abritait Le Rupin noir, une petite salle qui a accueilli tous les chansonniers connus de l’époque. La formation classique touchait tant de domaines.

Certains souvenirs sont très personnels. Quelle chance, par exemple, d’avoir croisé la route de Vallon Legendre avec qui il a fait ses débuts sur scène dans L’Alouette d’Anouilh. En plus de participer à l’harmonie dirigée par le maestro Giuseppe Agostini, qui était assisté par le frère Wilfrid, notre ancien a en effet profité d’un cours d’art oratoire donné par M. Legendre, un enseignant qui a influencé le parcours de plusieurs jeunes. Gilbert Lepage se rappelle aussi du frère Herménégide, du frère Gédéon en arts, du frère Maynard et de Madeleine Chlumecky en littérature, et de Jean-Pierre Masse qui allait réaliser des films importants comme La nuit de la poésie (1970) et concevoir la célèbre Course destination monde à la télévision de Radio-Canada. Bref, Gilbert Lepage a eu la chance de rencontrer des enseignants extrêmement qualifiés, qu’ils aient été des religieux ou des laïcs, et a trouvé au Mont-Saint-Louis un terreau fertile à son développement personnel et à ses passions futures.

Oui, le Collège était un milieu rigoureux et plutôt sévère. D’ailleurs, si le dimanche était jour d’excursions, une partie du samedi était réservée à l’étude. Mais ces années de cours classique correspondent à une belle ouverture sur le monde, à l’essor d’une jeunesse cultivée, engagée et ouverte sur le monde.


S’il a désormais choisi de mettre officiellement un terme à une carrière très bien remplie, Gilbert Lepage fait maintenant du bénévolat à Vues et Voix (l’ancienne Magnétothèque) et garde de magnifiques souvenirs de ces 46 années de vie d’artiste, incluant les 14 pendant lesquelles il a surtout agi comme gestionnaire. Il décrit le moment présent comme une longue pause dans sa vie professionnelle et n’a pas encore trouvé le temps s’ennuyer. Quand on a le courage de laisser derrière soi les réalisations d’une vie en choisissant d’avancer plus doucement, plus librement, on découvre peut-être des choses qui nous avaient échappées.

Danièle Bélanger, promotion 1981

Février 2024

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