Hommage à Bernard Lamarre. Extraits du texte publié dans La Revue du Musée des beaux-arts de Montréal.
Pionnier d’un Québec et d’un Montréal modernes, visionnaire, ingénieur, entrepreneur, bâtisseur, Philanthrope, amateur d’art, père de sept enfants et de tant de grands projets pour le Québec et dans le monde, Bernard Lamarre (1931-2016) était un humain plus grand que nature. Le « lion » tel qu’il était publiquement surnommé, s’est éteint le 30 mars dernier. Nous tenons à témoigner à sa nombreuse famille toute notre reconnaissance et notre tendresse.
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Georges-Hébert Germain, dans son livre sur l’histoire du Musée, brosse son portrait :
Il a dirigé des chantiers dans une cinquantaine de pays, géré un chiffre d’affaires titanesque, des milliers d’employés qui construisaient des barrages, soignaient des forêts, recyclaient des déchets industriels, construisaient des métros, des oléoducs, perçaient des tunnels sous des fleuves ou des montagnes, bâtissaient des gratte-ciel, des autoroutes, des centrales nucléaires. Tout semblait réussir à cet homme solide et réaliste, rieur, heureux, qui cultivait une charmante bonhomie dont il usait avec une dangereuse efficacité. En semaine et le dimanche, il portait chemise blanche et complet sombre et sobre, mais toujours ostensiblement négligé, la cravate un peu de travers, le col de chemise retroussé, l’imper froissé, comme s’il voulait montrer qu’il n’était pas un banal homme d’affaires, mais un ingénieur plongé dans l’action. Une force tranquille, un bonheur de vivre si évident, et un bon sens, une énergie et un charme indéfinissable.
Un Musée dans la ville : Une histoire du Musée des beaux-arts de Montréal, 2007, p.177.
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Lors d’une entrevue réalisée en 2007 à l’occasion de l’exposition Pour l’art ! Œuvres de nos grands collectionneurs privés, Bernard Lamarre mentionnait :
Au cours du premier voyage que j’ai fait en Europe, en 1950, les musées étaient les seuls lieux que je pouvais visiter sans qu’il m’en coûte trop cher. C’est alors que je suis tombé amoureux de ma future femme et des arts visuels (…) J’ai privilégié l’art contemporain parce qu’en général, il s’agissait d’artistes pas encore très connus que je pouvais rencontrer plus facilement. Je trouvais qu’il valait la peine de les encourager de leur vivant. Et, au départ, leurs œuvres étaient davantage à la portée de ma bourse. (…) les artistes sont à l’avant-garde des grands mouvements de civilisations. Ils battent la marche et nous font comprendre comment la société évolue. Les arts visuels nous transforment. Ils nous permettent d’aller toujours de l’avant. Pour moi, l’art visuel est l’un des plus accessibles. On est libre de l’apprécier quand on veut et chacun à son rythme. L’art a été pour moi une passion, tout au long de ma vie.
Pour l’art : Paroles de collectionneurs, cat. exp. sous la direction de Nathalie Bondil. Muséedes beaux-arts de Montréal, 2007, p. 180.
En 2012, le Conseil des arts de Montréal lui décernait le Prix Hommage pour les arts et la culture afin de récompenser son soutien au milieu culturel de manière indéfectible tout au long de sa carrière. Officier de l’Ordre du Canada et grand officier de l’ordre national du Québec, Bernard Lamarre a reçu onze doctorats honorifiques pour souligner son engagement professionnel et communautaire constant envers la collectivité. En culture, son action est multiple : création du Centre des sciences, du Centre des collections muséales, de l’institut de design de Montréal, revitalisation du Vieux-Port, festival des films du monde, don de la collection Lavalin au Musée d’art contemporain… Dans le domaine des arts visuels, c’est particulièrement au Musée des beaux-arts de Montréal qu’il a joué un grand rôle.
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Au nom des membres du conseil d’administration, de tous les employés et de tous les bénévoles du Musée, Merci Monsieur Lamarre !
La Revue du Musée des beaux-arts de Montréal (mai/août 2016), p. 2-3.
Bernard Lamarre, promotion 1948
Bernard Lamarre a été pensionnaire au Mont-Saint-Louis de l’âge de 12 à 16 ans. Les frères ont ainsi contribué à prendre le relais de la famille en ce qui a trait à l’éducation générale. « Ils ne faisaient pas juste t’enseigner, mais ils t’apprenaient à être autonome et t’aidaient à développer la capacité de voir par toi-même ce qu’il est bon de faire ». Gradué du cours scientifique en 1948, le jeune Lamarre file à l’école Polytechnique (y entrant en 2e année) d’où il graduera quatre années plus tard. En 1952, il a 20 ans et diplôme en poche, il reçoit une bourse d’étude de deuxième cycle lui permettant de poursuivre ses études en Angleterre. C’est ainsi que le jeune ingénieur civil obtiendra une maîtrise de l’Imperial College de Londres.
Bernard Lamarre est reconnaissant de la formation reçue au Mont-Saint-Louis prodiguée par d’excellents pédagogues. Si on le questionne sur ses professeurs, le premier nom qui lui vient à l’esprit est celui du frère Robert qui a enseigné au Mont-Saint-Louis de 1908 à 1957. Ce mathématicien hors pair avait également enseigné au père de Bernard Lamarre et ses compétences et aptitudes étaient reconnues et appréciées de la famille. Le frère Robert a prodigué au jeune Lamarre et à ses confrères de classe un enseignement rigoureux des mathématiques, les intéressant aussi à l’astronomie dans un milieu favorable à l’apprentissage et au dépassement.
Nous les anciens, décembre 2012
Le conseil d’administration de l’Association des anciens du Mont-Saint-Louis salue le talent et les accomplissements d’un ancien qui a marqué l’histoire du Québec.