Le Frère Robert, f.é.c., (Étienne Poitras) (25 février1887- 9 août 1957)
- Licencié Es Sciences mathématiques, U de M.
- Docteur Es Sciences physiques, Université de Lille
- Professeur au collège Mont-Saint-Louis
- Membre de la Société royale d’astronomie du Canada
- Membre de la Société des écrivains canadiens
Le frère Robert a enseigné au Collège Mont-Saint-Louis de 1909 à 1957. Il avait introduit au programme d’étude de la classe des finissants au début des années quarante un cours d’astronomie. Il faut comprendre, qu’à l’époque, cette initiative était pour le moins inédite dans l’enseignement secondaire.
Cet enseignant a sensibilisé plusieurs générations d’étudiants du secondaire à la science de l’astronomie. Ses cours étaient une occasion, pour les élèves, de découvrir les merveilles de l’univers. Il prononça aussi plusieurs conférences dont « L’orbite des étoiles doubles » (à l’école Polytechnique le 21 février 1931). Au Mont-Saint-Louis il disposait de lunettes astronomiques dont il faisait profiter ses élèves. Il a écrit les livres suivants sur l’astronomie :
Astronomie élémentaire, 489 pages, édition Frères des Écoles Chrétiennes, 1946. Un des meilleurs ouvrages de vulgarisation en astronomie paru au Canada.
Solutionnaire des problèmes de l’Astronomie élémentaire, édition Frères des Écoles Chrétiennes, 1945.
Regard sur l’Univers, 256 pages, édition Frères des Écoles Chrétiennes, 1948.
Les Astres et les Lettres, tome I, 248 pages. Les Éditons Chantecler, 1951.
Les Astres et les Lettres, tome II, 167 pages. Les Éditons Chantecler, 1952.
L’introduction de « Regard sur l’Univers » s’intitule « AUX JEUNES ». « Ce livre a été écrit pour vous, les jeunes! Ce n’est pas un résumé d’une œuvre plus complète, mais un travail rédigé spécialement pour vous ».
Le livre comporte quatre chapitres :
- La sphère céleste et les étoiles
- Les astres de la famille du Soleil
- L’univers révélé par la science de notre temps
- Observatoires et astronomes canadiens
Dans les tomes I et II de « LES ASTRES ET LES LETTRES » le frère Robert s’applique, sans malice, à signaler les accrocs à l’astronomie que la littérature parfois contient. Il n’y a rien de prétentieux ni de hautain dans cette amusante recherche marquée par l’humour et la bonhommie. L’auteur, dans l’introduction du tome I, s’exprime ainsi: « Je ne crois pas que le respect pour l’écrivain soit diminué par le rappel souriant de ses erreurs scientifiques…Chateaubriand, Lamartine, Hugo, lisant ces pages écrites pour enseigner l’astronomie souriraient sans doute…»
Pour faire comprendre le ton du livre, je propose d’y tirer un exemple. Ainsi à la page 157 du tome I on trouve le chapitre qui s’intitule « La lune de Victor Hugo dans «Les Misérables» ». Le texte choisi est cette séquence du roman d’Hugo, où Jean Valjean vole les chandeliers dans la chambre de l’évêque : « Au moment où Jean Valjean s’arrêtera en face du lit…un rayon de lune, traversant la longue fenêtre, vint éclairer subitement le visage pâle de l’évêque. » Selon le texte l’événement se passe « dans les premiers jours du mois d’octobre 1815 vers deux heures du matin. »
L’auteur propose de trouver la phase de la lune à cette époque et à cette heure afin de constater si réellement la lune a pu ainsi éclairer le visage de l’évêque. L’auteur invite le lecteur à consulter l’appendice de la page 243 où sont donnés les calculs de l’épacte de la lune au début d’octobre 1815. On y constate qu’à ce moment, la lune était nouvelle et par conséquent invisible. Pour obtenir son effet Hugo a dû créer une lune romantique: pourquoi pas? Mais, ce scénario, inventé par Robert, est un prétexte, fort joli d’ailleurs, pour montrer une application du calcul de l’épacte de la lune!
Les deux tomes de « Les astres et les lettres » contiennent des citations de Balzac, Bossuet, Chateaubriand, Corneille, Daudet, Flaubert, Heredia, Hugo, Lamartine, Rostand, etc. C’est un plaisir de lire cette littérature qui évoque l’astronomie…
Guy R. Legault, promotion 1951
Extrait du livre Collège Mont-Saint-Louis 1888-2013 125 ans d’histoire Témoignages d’hier et d’aujourd’hui