Jour du souvenir 11 novembre 2003

Le 11 novembre 2003 s’est tenue au Collège Mont-Saint-Louis une cérémonie de caractère « historique ».

En présence du Colonel Denis Brazeau, Chef d’état-major du Secteur du Québec de la Force terrestre, de Mme Eleni Bakopanos, députée fédérale d’Ahuntsic, de Mme Noushig Eloyan, conseillère de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, du juge M. Jean-Claude Nolin, promotion 1944, du Sergent-major des cadets M. Jean-Louis Lépine, promotion 1933, des Frères des Écoles chrétiennes Henri Lalonde et du Frère Léonard, de M. Michel Hamelin, président du Conseil d’administration du Mont-Saint-Louis, de M. Luc Deaudelin de l’Association des parents, de Mme Brigitte Mondor, représentante de l’Association des Anciens, des membres de l’Association des élèves, deux plaques de bronze ont été dévoilées.

Les deux plaques ont été dévoilées une première fois en 1946 par Alexander of Tunis. À ce moment, elles ont été exposées au Mont-Saint-Louis de la rue Sherbrooke jusqu’en 1969, année du déménagement vers le site actuel, soit dans l’arrondissement Ahuntsic, au coin du boulevard Henri-Bourassa et de la rue Papineau. Et elles furent trop longtemps oubliées.

Le mardi 11 novembre 2003 à 17 h, ces deux plaques de bronze ont repris leur place dans l’histoire.

Sur ces bronzes figurent les noms de 54 élèves du Mont-Saint-Louis morts durant les guerres de 1914-1918 et de 1939-1945. Le Mont-Saint-Louis est sans aucun doute l’institution d’enseignement au Québec qui a perdu le plus d’élèves lors des guerres.

Pour le souvenir, pour la reconnaissance, pour le respect… le Collège se souvient.

Cérémonie

Ouverture de la cérémonie par le directeur général du Collège Mont-Saint-Louis, M. André Lacroix

Mot du Colonel Denis Brazeau, Chef d’état-major du Secteur du Québec de la Force terrestre

Levée des drapeaux par les Cadets

Mot de M. Daniel Boileau, enseignant d’histoire au Collège et organisateur de l’événement.

Mot de Mme Eleni Bakopanos, députée fédérale d’Ahuntsic

Mot de Mme Noushig Eloyan, conseillère de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville

Présentation et dévoilement des plaques en présence des représentants de l’Association des Anciens, du Sergent-major Lépine et du directeur général

La présidente de l’Association générale des élèves du Mont-Saint-Louis et le Colonnel déposent une couronne de fleurs « À nos gars ! »

Moment de recueillement

Mot de Daniel Boileau, enseignant d’histoire

Bonsoir,

C’est avec beaucoup de plaisir et d’émotion à la fois, qu’au nom de mes collègues, enseignants en histoire, je m’associe aux propos de Monsieur Lacroix pour vous remercier de votre présence ici, ce soir. Permettez-moi quelques mots pour situer le dévoilement de ces plaques dans le contexte actuel.

D’abord, pourquoi aujourd’hui ? Poser la question, en ce 11 novembre, c’est y répondre. Je m’attarderai plutôt quelques instants à la question : « Pourquoi cette année plutôt qu’il y a 5, 10 ou 20 ans ? »

À chaque année, durant la semaine du souvenir, tous les enseignants en histoire suspendent le déroulement normal de leurs cours et ouvrent une parenthèse pour expliquer pourquoi, tout à coup, les coquelicots fleurissent aux boutonnières des hommes et des femmes publiques comme à celles des gens ordinaires, jeunes et vieux, vous et moi. Qu’évoquent-ils ces coquelicots, que rappellent-ils à tous ces gens ? Pourquoi le portent-ils?

Pour des élèves qui croyaient poursuivre tout bonnement leur cours sur l’Égypte ancienne, sur la Nouvelle-France de Jean Talon ou sur la Russie des tsars, se retrouver soudainement sur la crête de Vimy, sur les plages de Juno Beach ou dans les froides montagnes de la Corée est pour le moins surprenant. Que tentons-nous de faire ? D’abord, situer le 11 novembre dans le contexte historique de la Grande Guerre, puis présenter le 11 novembre pour le symbole qu’il est devenu : celui du souvenir de tous ceux qui, pour défendre les valeurs de notre société, ont donné et donnent encore leur vie, en tenant coûte que coûte leurs tranchées dans les terres françaises en 1917, ou en tentant de pacifier les routes de l’Afghanistan d’aujourd’hui.

Nous racontons aux élèves le courage et la peur, la dignité et l’horreur. Les chiffres se bousculent : voici les morts et voilà les blessés, des chiffres effarants qui n’en finissent plus de s’aligner. Les élèves sont attentifs, pas un bruit ne vient perturber ce cours qui bouleverse leur quotidien. 

Toutefois, nous avons constaté que l’émotion qui accompagne de tels récits, cette émotion qui noue le ventre et serre la gorge, ne va pas au-delà du moment. Pourquoi ? Peut-être parce que ces évènements sont loin d’eux, dans le temps ou dans l’espace, et que tous ces chiffres sont tellement énormes qu’ils portent l’invraisemblance des statistiques et ne représentent plus rien de concret, une fois revenues les préoccupations de tous les jours.

Et voilà que nous découvrons ces deux bronzes qui commémorent le sacrifice de nos anciens élèves. Déménagés de l’ancien au nouveau Mont-Saint-Louis, ils furent entreposés temporairement, en attente d’être exposés, pour finalement être oubliés.

Pourtant, depuis que nous faisons mention à nos élèves de l’existence de ces plaques commémoratives, le récit du 11 novembre a un impact très différent. Les conflits prennent un visage humain, celui de nos anciens : ils étaient 54. Ces chiffres n’ont plus la froideur des statistiques, ils ont des noms. Les valeurs défendues ne sont plus inconnues, elles sont les nôtres. Cette fois, le récit prend un sens, il touche : l’émotion est palpable. Les élèves s’expriment et nous questionnent: « Monsieur, elles sont où ces plaques? »  

Parce que vous êtes ici ce soir, il n’y aura plus de silence gêné en réponse à cette question. La parenthèse ouverte cette semaine ne se refermera plus, puisque ces soldats, nos anciens, feront maintenant partie du quotidien de notre école.

Désormais, le Mont-Saint-Louis se souviendra.

Merci!

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *