Regard sur le parcours de Paul Dufresne, promotion 1933

Paul Dufresne est né à Montréal, le 14 février 1912. La demeure familiale était située tout près du Collège Mont-Saint-Louis de la rue Sherbrooke et c’est là que le jeune homme entama des études qui le menèrent aux portes des HEC en 1933.

À 99 ans, Monsieur Dufresne, se souvient d’une enfance heureuse auprès de parents aimants, de très belles années passées au Collège Mont-Saint-Louis, des femmes de sa vie, de périples à travers l’Europe et d’une délicieuse retraite passée auprès de sa femme.

J’ai rencontré Paul Dufresne chez lui, à Saint-Sauveur-des-Monts. C’est un homme chaleureux, vif d’esprit et très alerte qui m’a accueillie dans son appartement de la rue Principale.

Du Collège Mont-Saint-Louis où il fut commandant de la 2e division du Corps des Cadets, monsieur Dufresne garde un très beau souvenir. Que de bons mots il a pour la congrégation des Frères des Écoles chrétiennes! D’emblée, il confie toute l’admiration qu’il porte à ces hommes voués à l’enseignement. Nous parlons du Frère Robert, mathématicien atypique et astronome notoire. Puis monsieur Dufresne relate que certains Frères d’origine française immigrèrent au Québec par amour de leur métier, une loi datant du début du siècle interdisant aux religieux français d’œuvrer dans l’enseignement. Cette loi abrogée en 1937 a ainsi provoqué le retour du Frère Noé dans son pays natal, après avoir enseigné quelques années au Collège Mont-Saint-Louis non sans avoir influencé de façon positive une génération d’élèves.

Diplômé du Collège Mont-Saint-Louis, monsieur Dufresne entre en 2e année aux HEC de la rue Viger, alors dirigé par Henry Laureys. Mais c’est le successeur de Laureys, Esdras Minville qui jouera un rôle important dans le début du parcours professionnel de Paul Dufresne. Diplômé des HEC, monsieur Dufresne travaille d’abord comme contrôleur chez Dupuis Frères. Puis à la demande du directeur Minville, il collabore à un projet de recherche visant à inventorier les richesses naturelles de la province. Plus tard, monsieur Dufresne devient associé chez Raymond Chabot Martin Paré. Enfin, avant de prendre une vraie retraite, il œuvre quelques années au sein du Barreau du Québec.

À 27 ans, un premier amour, une première épouse. Difficile d’aborder cette période faite d’un grand bonheur et d’une grande douleur. Car 6 ans après cette union, la femme tant aimée s’éteint. Demeuré veuf pendant quelques années, monsieur Dufresne épouse par la suite une femme d’une grande beauté rencontrée sur le Plateau dans un concert symphonique. Quelques années plus tard, cette union prend fin, en laissant à son tour certaines blessures. Monsieur Dufresne aura toutefois la chance de passer de belles années auprès d’une 3e compagne qu’il continue à chérir. Cette enseignante, une femme très cultivée, lui a permis de vivre des jours heureux. Les vingt quelques années passées auprès d’elle semblent demeurer parmi les très beaux moments de sa vie. Ensemble, ils ont habité une jolie maison de Saint-Sauveur : un jardin, un potager, des souvenirs de petits bonheurs auprès d’une femme pour laquelle l’époux éprouve encore beaucoup de tendresse.

Féru d’histoire, doté d’une mémoire à l’épreuve du temps, monsieur Dufresne raconte la journée du 11 novembre 1918. Sortant de chez Goodwin de la rue Sainte-Catherine avec sa mère, se dirigeant vers le Carré Phillips, il est témoin des célébrations spontanées provoquées par la fin de la guerre. Devant chez lui, plus tard, il se souvient avoir entrevu le Maréchal Foch, principal artisan de la victoire des Alliés, défilant dans les rues de la métropole sous les acclamations de la foule. Les années passent, et à Paris, de sa fenêtre d’hôtel, il aperçoit De Gaulle et Eisenhower…

Avant de me saluer, mon hôte, me guide vers sa bibliothèque. J’avais bien remarqué, sur la petite table, à ses côtés, des volumes, dont La Chute de la IIIe République de William L. Shirer, quelques dictionnaires et des notes éparses.  Point de désœuvrement, même à 99 ans, lorsqu’on s’intéresse entre autres à l’œuvre d’Henri Guillemin et qu’on a sous les yeux, par exemple, une très belle toile de Léo Ayotte. C’est indéniable, l’homme n’a jamais cessé de s’instruire et de méditer. Peut-être s’agit-il là en partie de l’héritage de l’enseignement des Frères des Écoles chrétiennes?

La communauté MSL salue son doyen, monsieur Paul Dufresne, témoin clairvoyant d’une époque.

Danièle Bélanger, promotion 1981

Décembre 2011

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