J’ignorais l’existence même des Émirats Arabes Unis lors de mon passage au Mont-Saint-Louis. C’est pourtant là que je vis depuis maintenant un an et demi. Tout a commencé il y a six ans lorsqu’après avoir travaillé quelques années à Montréal, j’ai décidé de poursuivre ma carrière au bureau de Paris d’un cabinet d’avocats international. J’y ai travaillé pendant quatre ans. On m’a ensuite demandé si j’accepterais un transfert à notre bureau d’Abu Dhabi (capitale des Émirats). Ma réponse fut sans équivoque: non. On me proposa alors d’aller y passer quelques jours et quelle ne fut pas ma surprise de tomber amoureux de ce petit pays que j’espère pouvoir vous faire découvrir en quelques lignes.
Entre cinq et six millions de personnes de toutes nationalités vivent ici. Moins de 25% de la population sont Émiratis (locaux), le reste étant composé d’expatriés de plus d’une centaine de pays. Il n’y a pas de chômage aux Émirats. Les locaux qui ne travaillent pas le font par choix et on ne peut immigrer dans ce pays que si on a un emploi. La première question que l’on pose lorsqu’on rencontre quelqu’un est inévitablement « How long have you been here and where are you from ? ». Vous l’avez deviné, la langue commune est l’anglais.
Les Émirats Arabes Unis sont une fédération de sept Émirats dont les Émirats d’Abu Dhabi et de Dubai sont les plus importants en termes de superficie, de poids économique et de population. Comme les Émirats possèdent à eux seuls 10% des réserves mondiales de pétrole, de la richesse, il y en a! Partout on y trouve de l’or, des diamants, des voitures de luxe et toutes les grandes marques. L’avantage évident de travailler dans ce pays est qu’il n’y a ni impôts ni taxes de vente. Sans oublier la mer turquoise, les plages de sable blanc et les fins de semaines passées à faire de la voile et de la plongée sous-marine.
Les villes sont très modernes et très vertes grâce à un imposant réseau d’irrigation. J’avoue cependant que nous vivons là-bas une vie très artificielle. Une sorte d’oasis de la consommation où la vie culturelle est presque inexistante. Celà dit, on s’y fait très rapidement! On se fait moins rapidement à la chaleur. De 40 à 45°C en moyenne entre juin et octobre. Vive l’air climatisé. Les mois de novembre à mai sont très agréables. Le monde à l’envers si on compare au Québec!
Les Émirats Arabes Unis sont le pays le plus libéral du Golfe. Abu Dhabi et Dubai comptent un nombre incalculable de bars et de discothèques. Seuls les établissements liés aux hôtels quatre ou cinq étoiles peuvent toutefois servir de l’alcool. Mais il y en a plus 50, donc nous avons l’embarras du choix. Les médias sont soumis à la censure et le gouvernement est contrôlé par la famille royale. Ici les femmes ont à peu près les mêmes droits que les hommes et n’ont pas d’obligation de se voiler. Les femmes expats s’habillent comme elles veulent, à tel point que j’ai parfois l’impression de me trouver à Miami plutôt que dans un pays du Golfe. On est vite rappelé à la réalité cinq fois par jours par l’appel à la prière diffusé par les haut-parleurs des mosquées (dont le premier vers 5:30!).
La majorité des richesses pétrolières se trouve dans l’Émirat d’Abu Dhabi. Dubai, moins riche en pétrole, a choisi de diversifier son économie par le tourisme, la création d’institutions financières et la haute technologie. Elle se développe à une vitesse folle depuis cinq ans. Sheikh Mohammed (le prince héritier de Dubai) est un Jean Drapeau à la puissance 10. Il y a en ce moment 441 chantiers de construction dans la seule ville de Dubai. On y construit un nombre incalculable d’immeubles de 30, 50, 80 étages et même une tour de plus de 140 (Burj Dubai) qui sera la tour la plus haute au monde. Les autorités ne veulent pas dévoiler la hauteur qu’aura cette tour lorsqu’elle sera achevée en 2008 afin d’éviter que quelqu’un d’autre en construise une plus haute. Sans compter un hôtel sous-marin, un centre de ski intérieur et le plus grand centre commercial au monde. Tout est démesuré à Dubai. Plus c’est fou, plus ils aiment.
Ce développement très rapide fait en sorte que la vie s’occidentalise de plus en plus. On trouve des McDo, Pizza Hut, Burger King partout et on magasine chez Ikea et Fruits et Passion!. On doit cependant s’habituer aux coutumes locales. Par exemple : vous achetez des meubles et voulez qu’ils soient livrés chez-vous vendredi. Le vendeur vous répondra « Pas de problème, vendredi, inch‘Allah ». Traduction : vous n’aurez pas vos meubles vendredi; « inch’Allah » veut dire si Dieu le veut et ils utilisent ces mots pour rendre toute promesse aléatoire. On me l’a fait deux ou trois fois et j’ai compris. Maintenant, quand je veux quelque chose, je précise que c’est sans « inch’Allah »!
Je ne sais pas encore combien de temps je passerai ici et quelle sera ma prochaine étape. Chose certaine, je ne repartirai pas seul cette fois. Peu de temps après mon arrivée, je suis tombé amoureux d’une allemande travaillant comme enseignante dans une école maternelle. Nous venons tout juste de nous marier. Je n’aurais jamais cru trouver le grand amour à Abu Dhabi!
François Duquette, promotion 1989
Juin 2005