Claude Bachand

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu enseigner. Après quelques années dans le réseau public, j’ai été engagé au Collège Mont-Saint-Louis pour y enseigner le français. C’était en 1975. De ma petite école de campagne, à Labelle dans les Laurentides, à cette prestigieuse école privée, la marche était haute. Mes premières années y ont été difficiles, mais très enrichissantes. J’étais souvent débordé par la tâche à accomplir – planifications annuelles, lectures multiples, nombreuses nuits de préparations de cours et de corrections interminables – mais, j’ai appris au MSL à devenir un meilleur enseignant.

De ces 33 années passées au MSL, je garde des souvenirs impérissables et des amitiés que je conserve encore jalousement.  Mais ce qui me vient d’abord à l’esprit, c’est le sentiment d’avoir été privilégié de travailler avec de merveilleux adolescents. D’une part,  j’avais l’impression de ne pas vieillir aussi vite que l’ensemble de la population mais surtout, je pouvais transmettre à mes élèves mon amour de la langue française et du Québec à travers les textes, les romans, les poèmes et les pièces de théâtre que je choisissais pour eux.

On oublie souvent, écrasé par la lourdeur de la tâche, toute l’importance de notre rôle dans la transmission de la culture, particulièrement de la culture littéraire d’ici. Le Mont-Saint-Louis a toujours laissé une grande liberté à ses professeurs de français quant au choix des œuvres littéraires au programme. Et les professeurs se sont assurés que leurs élèves soient en contact avec les grands classiques français, mais le plus souvent possible, avec des œuvres qui décrivent des réalités de chez eux, des œuvres qui leur ressemblent et dans lesquelles ils peuvent se reconnaître. Le Mont-Saint-Louis a permis à ses étudiants de connaître de grands auteurs tels Molière, Maupassant, Zola, Rostand, Vian, mais sans jamais négliger les grands maîtres d’ici, les Gratien Gélinas, Marcel Dubé, Michel Tremblay, Gabrielle Roy, Germaine Guèvremont, Roger Lemelin, Claude-Henri Grignon et bien d’autres.

Dans ce monde de la mondialisation où la culture et l’information ne sont trop souvent véhiculées qu’en anglais, où de plus en plus d’étudiants n’ont pas le français comme langue maternelle, il est plus important que jamais de faire connaître et de valoriser l’ histoire et la littérature nationales.

Si j’ai pu, humblement, allumer quelques passions et contribuer à faire aimer le français à mes élèves, si j’ai pu les encourager à lire et à s’exprimer correctement à l’oral et à l’écrit, si j’ai pu les convaincre de l’importance de respecter et de protéger leur langue nationale, alors toutes ces années au Mont-Saint-Louis, en plus de m’avoir apporté beaucoup de bonheur, auront contribué à former des Québécois fiers de leur passé et confiants en leur avenir.

Claude Bachand, enseignant au MSL de 1975 à 2008

Extrait du livre Collège Mont-Saint-Louis 1888-2013 125 ans d’histoire Témoignages d’hier et d’aujourd’hui

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