Monsieur Raynald Loiselle, finissant de la promotion 1946 et directeur du Collège de 1969 à 1973, fait le récit de son expérience relativement à l’achat du Collège St-Ignace, l’arrivée du Mont-Saint-Louis sur le boulevard Henri-Bourassa et la formation de l’Association coopérative.
Je viens de terminer la lecture de l’album du 125e anniversaire du MSL que j’ai trouvé très intéressant. Cependant, je crois nécessaire d’apporter certaines précisions.
L’idée d’acheter et d’administrer un Collège par des parents provient du Rapport Parent (1963-64) qui incitait ceux-ci à s’impliquer dans l’éducation. Étant gouverneur de l’ancien Collège je savais qu’il serait vendu, que le secondaire fermerait, que tout le personnel serait congédié et que les frères, à cause du manque de relève, ne voulaient plus continuer à opérer un Collège.
Ayant gardé mes contacts avec les parents je leur proposais l’achat d’un Collège. Au même moment j’apprenais, par mon frère, que le cégep Ahuntsic ne renouvelait pas la location du collège St-Ignace. Par la suite, le recteur, le père Ethier S.J. me rencontra chez moi afin de discuter les conditions d’achat. Le prix étant d’environ 2 000 000 $. Les parents et moi n’avions aucun bailleur de fonds. Suite au refus de La Prudentielle de nous prêter ce montant parce nous ne pouvions garantir son remboursement, car la loi de l’enseignement privé n’avait pas encore été adoptée.
J’ai alors réuni les parents dans l’amphithéâtre de l’École Polytechnique, le cégep nous refusait celui du MSL. Ayant exprimé ma déception de ne pouvoir obtenir le financement, Mme Morlay se leva pour me demander pourquoi m’adresser aux Américains, elle me dit que le gérant de la caisse populaire de Longueuil me mettrait en contact avec la Société de Fiducie du Québec. Quelques jours après je rencontrais seul, le directeur général de la SFQ, M. Jean-Marie Couture au MSL. Après lui avoir exposé mon projet, il accepta de nous fournir le financement
de 2 000 000 $ avec comme garantie, un billet à demande. M. Couture me confia aussi le mandat de négocier l’achat du Collège. Ce ne fut pas facile, car nous étions en compétition avec la CÉCM qui avait déjà nommé son DG. Le 15 mars 1969, suite à l’intervention du supérieur des Jésuites, le Collège nous appartenait. C’est à ce moment que le frère Urgel Bettez, Robert Brunette et Claude Boutin Duparc réunissaient tous leurs efforts pour permettre son ouverture au début de septembre suivant.
Pendant ce temps nous complétions la structure de la coopérative. Le frère Vanier, supérieur général des frères des Écoles chrétiennes me donnait personnellement le nom du collège Mont-Saint-Louis que je transmis à la corporation qui devenait « Collège MSL Association Coopérative ». Le 1er juillet, la SFQ me donnait les clefs du Collège me demandant maintenant de le faire fonctionner.
De multiples travaux furent nécessaires afin que bâtiment réponde aux besoins d’une école secondaire. Grâce aux efforts déployés, le nouveau Collège ouvrait ses portes le 1er septembre 1969 en recevant plus de 500 élèves.
Ici, je dois rendre hommage aux parents pour leur soutien indéfectible, sans eux le Collège n’existerait pas. Je dois aussi remercier mes proches collaborateurs le regretté frère Bettez, le directeur pédagogique, feu M. Claude Duparc qui a su administrer nos finances et M. Robert Brunette qui a si bien organisé la vie étudiante. Ce sont les vrais bâtisseurs du Collège.
J’étais dans la quarantaine lorsque je me suis engagé dans ce projet, professeur titulaire de Polytechnique, diplômé en génie, associé dans un bureau de génie-conseil, mes journées et mes soirées étaient bien remplies. Mais tout le bagage d’expériences que j’avais acquises m’ont permis de mener à bon port ce projet. Je suis heureux de constater que l’esprit de l’ancien MSL a été conservé.
Le dictionnaire indique que de créer de rien c’est fonder. C’est pourquoi je crois mériter le titre de fondateur du collège MSL Association Coopérative.
Raynald Loiselle, promotion 1946
Décembre 2013