Maestro, s’il vous plait!

Il a étudié au Conservatoire de Musique de Montréal et avec les plus grands. Mais il a aussi étudié au Collège Mont-Saint-Louis, dans ma promotion, de 1987 à 1992. Comme moi, il a connu les 48 heures, les cours de latin, le Journal Mon Oeil, la troupe Extase et les Galas Méritas pour ne nommer que cela. Comme tous les élèves, il a répondu, en cinquième secondaire, à la question Que ferez-vous plus tard? En 1992, il avait donc déclaré vouloir devenir un chef d’orchestre de renommée internationale. Aujourd’hui, en 2000, Yannick Nézet-Séguin est, depuis le printemps, le nouveau directeur artistique de l’Orchestre métropolitain de Montréal.

Yannick Nézet-Séguin – ©Magalie Guérin

Depuis les dernières années, on ne tarit pas d’éloges sur le talent de Yannick. D’un côté, on dit qu’il a un talent et un potentiel sans mesure. De l’autre, on souligne sa persévérance et son charisme. À la suite de la représentation du Requiem de Verdi, en juin 1999, le célèbre et redouté critique musical de La Presse, Claude Gingras, a même qualifié Yannick de « garçon génial ». En faisant le tour du dossier de presse de Yannick, force est de constater qu’on vante non seulement ses performances, mais aussi sa personnalité. On le dépeint comme un garçon sympathique, intelligent, déterminé et passionné. Cela, ceux qui ont eu la chance de le côtoyer durant leurs études secondaires le savaient déjà. Ce que l’on connaît peut-être un peu moins bien, ce sont toutes les étapes qui ont mené le jeune maestro de 25 ans là où il est présentement parvenu.

Un parcours tracé de main de maître

Ayant entrepris l’étude du piano à l’âge de cinq ans (en 1980), Yannick a été admis au Conservatoire de Musique de Montréal en 1988 alors qu’il avait 13 ans. Il s’y est spécialisé dans l’étude du piano et a étudié l’écriture et la direction d’orchestre. De plus, en 1990, il est devenu chef assistant au Choeur polyphonique de Montréal où il dirigeait d’ailleurs les répétitions. Force est donc de constater qu’en plus d’être un excellent élève au Mont-Saint-Louis, Yannick travaillait déjà fort pour bâtir sa carrière, pour voir son rêve se réaliser. Cependant, croire que Yannick ne venait au Mont-Saint-Louis que pour y étudier n’est pas justifié. En fait, le Collège a pu profiter de son talent à plusieurs reprises. En fait, c’est à lui que revient le mérite d’avoir arrangé les
extraits musicaux de la pièce Lysistrata présentée en 1991 par la troupe de théâtre Extase. Et que dire de la patience qu’il a su démontrer lors des auditions où il devait jouer systématiquement
pour accompagner tous les comédiens aspirant à un rôle de chanteur? De plus, Yannick a participé aux Galas Méritas de 1989 et de 1990 en dirigeant, d’une part, l’orchestre des élèves de la première secondaire et, de l’autre, en interprétant lui-même une pièce au piano. C’est à ce moment que le public a pu commencer à découvrir vraiment son talent.

Déjà, à l’époque, les accomplissements de Yannick étaient impressionnants. Et, dans la même lignée, la feuille de route bâtie après le cours secondaire est imposante. En 1992-93, en plus de ses responsabilités au Choeur polyphonique, Yannick a chaussé les souliers de chef assistant pour le St-Philip’s Choir avant de devenir, en 1994, le directeur musical et artistique du Choeur polyphonique de Montréal. L’année 1995 marque la fondation de la Chapelle de Montréal, ensemble vocal et instrumental dirigé depuis lors par Yannick. Et c’est en 1998, alors qu’il avait 23
ans, que l’Opéra de Montréal et l’Orchestre métropolitain lui ont ouvert leurs portes. Pour la première formation, il est donc devenu assistant chef d’orchestre (directeur adjoint) et chef des choeurs alors que, pour la seconde, il faisait ses débuts comme chef invité. C’est d’ailleurs l’Orchestre Métropolitain qui lui a confié son premier concert à la tête d’un orchestre symphonique. Finalement, au cours de la dernière année et avant de revêtir le veston du nouveau directeur de l’Orchestre métropolitain, Yannick a fait ses débuts comme chef d’orchestre à
l’opéra dans Lakmé de Delibes (janvier 2000) et dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi (printemps 2000) à l’Opéra de Montréal et a dirigé la plupart des représentations du Casse-Noisette de Tchaïkovski aux Grands Ballets canadiens.

Enfin, impossible de terminer ce tour d’horizon de la jeune carrière de Yannick sans mentionner le fait qu’il a été cinq fois récipiendaire de premiers prix au Conservatoire de Musique et que son travail et son talent ont été reconnus à la fois par le public et par ses pairs lors de la remise des Prix Opus où on lui a octroyé les prix du public et de la découverte de l’année.

Le célèbre dicton veut que « Qui le veut, le peut! ». Le parcours de carrière de Yannick est un bel exemple de détermination et prouve bien que les rêves peuvent se réaliser. Maintenant qu’il
est à la barre d’un important orchestre, il ne nous reste plus qu’à souhaiter au maestrino, rapidement devenu maestro, que toutes ses aspirations se voient comblées et que ses rêves, même les plus secrets, continuent de devenir réalité

Au fait, Yannick, que feras-tu plus tard?

Dominique Saheb, promotion 1992

Septembre 2000

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *